Tours, début des années 1990. En bord de Loire, à l’Université François-Rabelais, se déroule un cours de «lexique et société» de licence d’allemand (3e année) devant un auditoire essentiellement féminin. Le professeur, germaniste chevronné, par ailleurs spécialiste de moyen haut-allemand, donne son cours dans un excellent allemand.

Il nous explique entre autres choses que le mot «Flair» désigne en allemand le charme (d’une ville, par exemple) et non le flair du chien, nuance… Au détour d’une phrase, il dit sans y prendre garde: «salopp ausgedrückt …». Emoi dans l’assistance! Toutes les jeunes femmes font littéralement un bond sur leur chaise et fixent l’orateur les yeux remplis d’horreur: «Quoi! Il vient de nous traiter de s…?!?» Le professeur s’interrompt, nous sourit et entreprend de nous rassurer de la manière la plus pédagogique qui soit: non, aucune volonté de sa part de nous insulter. Nous avons simplement été victimes d’un «faux ami» particulièrement perfide: en allemand, le mot «salopp», emprunté bien entendu au français, ne désigne pas des femmes, mais des choses et des comportements un peu… légers. «Salopp ausgedrückt» signifie donc «formulé de façon un peu familière», «façon de parler», etc. Intéressant, non? Et ce n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres. Alors un conseil: en langue étrangère, méfiez-vous des importations! Les emprunts font en effet souvent l’objet de glissements de sens particulièrement dangereux …

A suivre au prochain épisode!

Equipe francophone